On passe l’apres-midi entre le quartier des forgerons du grand bazar et les éventuels loueurs de voitures. On doit refuser les particuliers dans nos prix à cause de l’assurance et/ou du chauffeur imposé, et les 2 seules agences officielles pratiquent des tarifs prohibitifs : 96 millions la journée, soit plus cher qu’un vol pour Istanbul !
Dans la boutique de Mustafa, c’est le défilé, jusqu’à un grand-père de plus de 70 ans qui vient me signaler qu’il cherche une femme pour le cas où ça pourrait m’intéresser… Notre gentil accompagnateur (une 20e d’années) qui s’est mis spontanément à notre disposition pour la journée me répète que je suis çok güzel et regrette que la vie soit mal faite : si on avait le même âge, il m’épouserait. Entre les 2, ça fait une bonne moyenne !
Un « spas » à Mustafa m’a vallu un ban d’honneur de tous les forgerons qui s’interpellent : « Elle a dit merci en kurde ! ». Ils ne changeront jamais, ce n’est vraiment pas compliqué de leur faire plaisir !
On les laisse à leur enthousiasme pour filer à la Safa camii : bonne surprise, le minaret est sculpté comme ceux de Mardin ou de Hasankeyf.
Mustafa nous a prévenues que nous étions ses misafir (invité) et nous présente sa petite famille : 6 garçons et une fille. Si lui ne sait pas lire, ses fils vont à l’université ou sont en passe d’y entrer (la petite dernière est pour l’instant plus intéressée par les jupes de sa mere).
Dans la région, les études ne garantissent absolument pas de trouver un travail, même de serveur, mais l’élévation du niveau d’études est de bon augure.
Mustafa dont la famille vit ici depuis plus de 110 ans a une histoire d’amour typiquement kurde (trad. : qui finit mal). Il est tombé amoureux d’une Française de passage et a attendu de nombreuses années qu’elle revienne pour l’épouser. Bien plus tard, ayant perdu tout espoir, il a accepté, après l’avoir vue une fois, la femme que sa mère lui avait choisie… et il en parle encore des décennies et 7 enfants plus tard.