Au moment de sortir du musée, deux peshmergas m’attendent : guérite, clopes, thé. On échange les trois, quatre mots d’anglais qu’ils connaissent et les quelques mots de kurde que je comprends. Ils tiennent à échanger aussi les numéros de portable, ce qui ici ne me pose pas de problème puisqu’en règle générale ils n’osent pas appeler, et que pour moi ce n’est de toute façon qu’un numéro très temporaire.
Veulent aussi prendre des photos dans le jardin avec leurs portables en me faisant une bise sur la joue… qui se transforme en bisou baveux. Bon là ça va, je mets les holà immédiatement : jamais jusqu’ici ils ne se sont permis ce genre de choses !
Le plus âgé (32 ans) me montre une vidéo sur son portable : du porno ! Je l’envoie balader avec ses fantasmes, puis il désigne mon collier ras-du-cou en forme de petit cœur : je le lui montre, mais non, en fait ce qu’il veut c’est que je déboutonne le haut de ma chemisette pour voir ma poitrine !
Ça va bien comme ça, je me lève pour partir, mais le plus jeune (24 ans) me retient par le bras et par la taille et me désigne successivement son sexe et les chiottes !!! Jamais vu ça de la part d’un Kurde, mais qu’est-ce qui leur prend ?
Je les envoie bouler tous les deux et leur aboie de m’appeler un taxi. Ils ont l’air soudain tout triste de me voir partir, mais obéissent. Le plus jeune au mot taxi me tend instinctivement des billets. J’ai du mal à ne pas me marrer : non, je veux juste appeler un taxi, pas qu’on me le paie…
Direction citadelle. Quelques photos de la ville vue d’en haut, et quelques minutes de vidéo de la place en bas avec les jets d’eau qui était en chantier la dernière fois. La chaleur est accablante, je suis vite d’un joli rouge écarlate !
Je vais jusqu’au hammam (fermé) quand mon portable sonne : Khasro, qui veut que je vienne tout de suite. Oui, bon c’est vrai, il doit me montrer des documents et il faut qu’on discute un peu, mais je viens juste d’arriver à la citadelle et je n’ai pratiquement pas fait de photos aujourd’hui.
Il rappelle 20 mn plus tard pour savoir pourquoi je ne suis pas encore arrivée, ce qui m’oblige à arrêter ma flânerie pour prendre un taxi. Je passe mon portable au chauffeur pour qu’il se fasse expliquer la route : c’est dans une résidence d’immeubles neufs et luxueux, avec garde à l’entrée.
Il m’attend devant sa porte… en pyjama ! L’appart a l’air immense, mais vide : sa femme et ses filles sont sorties. Il me montre son bureau, puis remet à plus tard les documents, il faut avant que je mange des fruits qu’il m’a préparés. Il m’invite à le suivre dans ce que je pense être le salon, mais qui n’est rien d’autre que sa chambre, et me force à m’assoir sur le lit. Je me relève en lui faisant remarquer que ça ne se fait pas d’inviter une femme autre que la sienne dans la chambre conjugale, mais il me soutient que si, si, ça se fait chez les Kurdes : me prend pour une conne en plus !
Je n’arrive pas à virer sa main qui s’accroche à ma hanche et pense sérieusement à lui mettre un bon coup de genou là où c’est le plus efficace, histoire de lui apprendre les bonnes manières, quand son téléphone sonne. Il doit aller à son bureau. Il s’excuse de me demander de partir pour se préparer, ce que j’allais de toute façon faire, mais continue à plaider sa cause, prétendant même qu’on doit en reparler et que ce n’est pas à moi de décider toute seule ! Même pas en rêve… mais pour qui il se prend ce Ducon ?
A l’hôtel, je discute avec un habitant d’Oman dont la famille est originaire de Babylone. Il travaille avec l’université Djihan ici à Erbil et est nettement plus cool que les lourdingues obsédés que j’ai croisés aujourd’hui !
Diner au Samad, bon mais cher (30.000 dinars), de toute façon à 8 h, il n’y a absolument rien d’autre ouvert dans le coin. Un serveur vient me voir pour m’affirmer en turc que je parle turc. Du coup, tous les Turkmènes défilent tout contents pour me souhaiter la bienvenue : mais comment font-ils pour deviner ???