Luqman me laisse, mais on doit se revoir demain. Le gardien des lieux qui vit ici avec sa famille vient me voir avec sa petite Julian, une pitchounette très gracieuse. Je la prends quelques secondes en vidéo pour l’intégrer dans un montage, sous le regard ravi de son père. Lui, je l’avais déjà en photo, il nous avait suivies il y a trois ans pendant toute la visite du Temple yézidi, pour s’assurer que je m’aspergeai bien de l’eau de la source Zem Zem.
Il revient apporter un repas à un Yézidi d’un certain âge, et m’invite à le suivre : toute sa famille m’attend de pied ferme devant un grand plateau repas. Il y a aussi une prêtresse (Sheikh ou Pir), habillée tout en blanc, qui vit en Allemagne. Elle fume autant que moi, et vérifie que j’ai bien toujours un cendrier à disposition : entre fumeuses, on se comprend.
Je vais partager la pièce où elle dort, personne ici n’ayant jamais envisagé de me laisser seule dans le grand salon de réception. Elle me montre un pendentif en forme de soleil fait à Lalesh et m’explique que le costume qu’elle porte est réservé aux religieux. Son mail commence par «Mimi» qui veut dire «Mama», donc elle doit porter le titre de Mère.
Quand je sors de l’enceinte du temple de Lalesh, il fait pratiquement nuit, et des petites lumières ont été allumées un peu partout. Il reste quelques familles qui rangent leur nécessaire à pique-nique avant de partir, et qui prétendent toutes m’embarquer chez elles à Sheikhan : j’ai du mal à leur faire comprendre que je tiens vraiment à dormir ici.
Tout le site a été balayé tout à l’heure par une armée efficace et organisée, équipée de balais sans manche confectionnés avec des branchages. Le sol est encore tiède et pourrait être agréable si je n’avais pas la plante des pieds cramée : là, le moindre pas est un supplice.
Pas sommeil, mais il faut que je me lève à 4 h du mat. si je veux prendre le Temple au lever du jour.