Maintenant je lis Henry Corbin en détail et je vois avec une grande satisfaction que ses idées sur l’imamisme permanent, presque anté-islamique du monde iranien rejoignent bien mes théories sur les dragons kurdes et la parousie du 12ème imam। Cette idée du Sauveur, de l’astre caché est récurrente aussi chez les Kurdes. Il suffit de relire Khani, cette attente qu’un astre surgisse pour les Kurdes, un padichah qui les sauveraient des méchants… Les dragons sur la porte du monastère de Mardin ne m’étonnent pas au regard de la collusion entre le sauveur chrétien, le mahdi et le Saoshyan de l’ancien Iran (l’Imam est parfois appelé le second Christ).
Sur l’église arménienne d’Aktamar, on voit d’ailleurs ces serpents et ces lions। Sous la figure du Christ tenant les Evangiles, celles de Cem trônant jambes croisées, coupe en main (en tous cas le geste y est). Sur une stèle funéraire, la croix en place de l’arbre de vie mésopotamien se termine à la base par deux têtes de dragons très stylisées rappelant en tous points ceux d’Erzouroum. Quand on pense que certains appellent cela « art seldjoukjide » je ricane…
Des motifs mésopotamiens sont en bonne place, telle cette figure de saint entre deux lions (cf. le Maitre des Animaux) et des animaux affrontés se tenant sur deux pattes arrières, tout à fait comme ceux du Mitanni et du Louristan. Pour figurer la baleine de Jonas, on a repris la forme du dragon des Eaux.