Notre emploi du temps à Istanbul traîne paresseusement. Lever tard, vers neuf heures, on se retrouve vers 11 heures à la pasta Barcelona où je mange une pizza et Roxane deux poghaça. Plus pas mal de nescafé au lait, il est bon ici, autant en profiter. Ensuite, à la librairie Robinson Crusoé où l’on trouve un nombre impressionnant de titres français et anglais. Je n’y ai pas trouvé le dernier Orhan Pamuk (je les achète presque toujours ici) mais pris un très bon polar se passant dans la Rome de Sylla.
Ensuite, Ara Café. Il vient juste d’ouvrir, en face du lycée de Galata Saray, juste à côté des PTT. Pas mal de boissons fraîches, des tables à l’extérieur, au milieu de verdure. Le quartier de Pera Galata regorge d’endroits comme celui-ci, à la fois branchés et sympathiques (la combinaison de ces deux qualités ne se trouve jamais à Paris). Après les quelques communications téléphoniques d’usage, on règle les tâches du jour : gens à voir, ou endroits.
Là nous avons passé toute l’après-midi au Musée archéologique, à côté de Topkapi Sarayi. Très agréable, bien fait, comme musée. Orient ancien, avec pas mal de vestiges assyro-babyloniens, et assez inattendu : de belles stèles de l’Arabie et du Yémen antiques, tres intéressantes par leur parenté avec l’art mésopotamien.
Puis le pavillon des sculptures gréco-romaines. Très beaux marbres, il est vrai que nous sommes ici dans la seconde Rome. Une belle sculpture d’Athéna m’a tapé dans l’oeil, une copie romaine en marbre, pas très haute, peut-être 1m20, d’un original grec du 5ème siecle. Statue gracieuse, fine. Ici je donne un truc : pour obtenir quelque chose d’un dieu grec, il faut lui toucher les genoux et le menton : aucune supplique ne peut alors être refusée par un Grec ancien ni par ses dieux. C’était le geste qui obligeait par excellence.
Ensuite, des salles sur l’histoire d’Istanbul de la préhistoire jusqu’à nos jours. Une reconstitution d’habitat paléolithique un peu caricaturale : une grotte à auvent et une hutte à branchages. Cela me rappelle irrésistiblement les cahutes qui avaient été reconstituées en juillet 2001 pour le Festival Culturel de Tunceli, censées représenter l’habitat traditionnel montagnard du Dersim. Suleyman les avait montrées d’un geste emphatique en assurant que nulle part ailleurs au Kurdistan on ne trouvait cela. J’avais failli lui dire que c’était normal, ces intellos maniérés du Botan ayant entre-temps inventé l’architecture… mais maintenant je peux assurer les Dersimis qu’à Istanbul on en trouve encore sauf que les cabanes du Paléolithique Supérieur stambouliot ont l’air un peu mieux construites.
Le soir, repas de poissons à Karaköy.
Puis dernier verre au bar du Pera Palas, son fantastique décor années 30, ses grands fauteuils confortables.
Aujourd’hui, c’est pour moi le dernier jour. Je me demande combien il fait à Paris. Sûrement un peu plus frais. Ici c’est toujours 31 mais avec une humidité et une touffeur presque insupportables.
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