Nous ne sommes que 6 (Stephen, 2 Américaines et 2 Indiennes) et il y en a trois qui ont déjà passablement décroché. Le turc n’est pas très complexe, mais il y a pas mal de choses à voir dans un temps relativement court (un mois pour le premier niveau en stage intensif, deux mois en cours normaux). En fait, ça ressemble un peu à un jeu de construction genre Légo : faut emboîter les pièces les unes à la suite des autres. Evidemment, si il manque une pièce, ça s’écroule…
La principale difficulté c’est d’apprendre à prononcer (sans rire) des successions de syllabes peu habituelles en français. En primaire par exemple, on apprend généralement que le Y remplace 2 I : alors les premiers «iyiyim» (je vais bien)… Enfin, ça avance pas mal, d’autant qu’il y a un nombre de mots conséquent piqué au français. Rien qu’à les voir écrits, ça m’éclate : entre les Sanzelize (Champs-Elysées), les abajur, les teleskop et autres sato (château, mais ça se prononce pareil), les cours ne sont pas tristes, surtout quand on y rajoute des Türkiye’ye ou des Istanbul’da da (je sais, un rien m’amuse, mais j’ai toujours été bon public). D’ailleurs, je ne suis pas la seule : Rino qui est ici depuis 9 ans, et n’a donc pas l’excuse de la nouveauté, n’a pas résisté avant de partir à la tentation d’une séance de lecture de bouquins de cuisine… On est d’accord pour décerner la palme aux su ala krem !
Le favoritisme éhonté sévit d’ailleurs en dehors de la classe : le préposé au thé m’a expliqué que nous étions arkadas (serait pas kurde par hasard ?) et m’offre du thé qu’il apporte à ma table pendant que les autres font la queue derrière son comptoir pour payer le leur…
Avec tout ça et malgré un temps de sommeil de 6 heures en moyenne, j’ai une pêche d’enfer ! Quand je suis encore légèrement dans les brumes en partant le matin, la vieille dame de l’immeuble d’en face qui m’envoie des bisous tous les jours en me souhaitant une bonne journée se charge de les dissiper !