Malgré tout le respect que j’accorde habituellement, naturellement et en toutes circonstances a l’Ordre Etabli (tout a fait), je me suis assise sur les marches pres de sa cuisine et on a discuté devant un thé en fumant une clope. Il est de Yalova et d’origine russe… et a tenu a ce que j’emporte une pomme de chez lui (passent leur temps a essayer de m’étouffer avec de la bouffe), devant l’air éberlué de ces deux crétins de profs (Hakan et l’ex-snobeur) qui se retrouvent tout a fait par hasard et a tour de rôle assis a côté de moi pendant la pause, mais qui n’ont jamais réussi a engager la conversation : le temps qu’ils se lancent, il y a toujours quelqu’un qui vient me tenir compagnie.
Comme prof, Hakan est réellement léger : ne pense visiblement pas qu’il est utile d’expliquer correctement une regle de grammaire (et encore, quand il pense a expliquer) et pour couronner le tout, je ne comprends pas un traitre mot de ce qu’il raconte ! Bon, je ne suis pas la seule et même s’il me réserve les questions les plus simples (genre, accorder « sen » et « seviyorum »), ça ne résoud pas grand chose. Quand j’ai pigé quelque chose par contre (merci Assimil !), il attend mon feu vert pour m’interroger… les autres, eux, pataugent sans filet et difficile d’aller réclamer a la direction : la direction, c’est lui ! Esra qui me demandait qui j’avais comme prof a préféré s’abstenir de commentaire et changer de sujet… me manque Esra !
Murat a qui j’en ai parlé se propose gentiment d’aller le boxer, mais vu la différence de taille, j’ai préféré lui dire que j’allai me débrouiller toute seule comme une grande.
A l’hôtel, le rituel de mes meres-poules est maintenant bien établi. J’ai la permission de minuit (bien obligés), mais je dois prendre un thé ou un café (au minimum) en rentrant le soir, sous peine de me faire rappeler a l’ordre. Le matin je n’ai pas le droit de fumer avant d’avoir pris mon petit dej et quand je repousse mon assiette, c’est le signal pour engager la conversation. Hier matin, Ahmet qui voulait savoir si j’habitais toujours chez mes parents a découvert ahuri que j’avais quand même « un peu » plus que les 20/25 ans qu’il croyait. Du coup, il est ravi : nous n’avons que 13 ans d’écart… ce qui ne lui sert strictement a rien a part a être ravi, ce qui est déja pas mal.