Au petit dej, Ahmet tient à me signaler qu’il m’a entendue tousser la première nuit et qu’il faut que j’arrête de fumer parce que depuis, son coeur est malheureux. Il veut aussi que je sache que Sophie est « na boch » (phonétique, mais ça veut dire pas bien) ce qui confirme qu’elle a réussi a se mettre tout le monde à dos en un temps reccord !
Khasro m’a répondu depuis sa lointaine Finlande qu’il fallait que j’appelle Ibrahim Hassan à Salahaddin. Pendant que j’envoie Tom en mission, à table, l’autre mégalo continue à faire croire au moustachu qu’elle est responsable de nous et que c’est ok pour nous conduire où elle veut ! Pas besoin de comprendre parfaitement une langue pour piger certaines choses. Ils décident donc de nous reconduire à Zakho, histoire qu’on ne reste pas en zone PDK et qu’elle puisse rentrer en Turquie à temps pour être le 17 à Istanbul.
Là, j’interviens qu’il est hors de question qu’elle décide de quoi que ce soit de notre programme, et elle ose me répondre que puisque c’est comme ça, elle n’est plus responsable de nous ! Visiblement, elle est tellement imbue de sa (très) petite personne qu’elle n’a toujours rien pigé au film ! Je préfère censurer ma réponse, mais pas difficile de deviner de quoi je lui conseille de s’occuper !
Les Kurdes prétendent qu’ils ne veulent pas me laisser de peur que je me fasse enlever par les islamistes : ça n’arrange pas son problème d’égo, personne ne s’inquiétant pour elle, tellement il est évident pour eux que les islamistes ne sont pas assez crétins pour s’encombrer d’une telle calamité !
Pendant qu’elle prend l’air pincé et furibard de la pétasse dans toute sa splendeur (dommage qu’elle n’ait aucun sens de la répartie, je suis en pleine forme), avec Tom on profite d’un instant d’inattention pour attraper nos sacs, arrêter un taxi et charger nos bagages en indiquant Salahadin au chauffeur.
Ce n’est pas un départ, mais une véritable fuite qu’Ahmet arrête en menaçant (de mort !) notre jeune chauffeur qui hésite et de sait plus à quel saint se vouer. Là, ce n’est plus de l’hospitalité, comme j’en avais la certitude depuis déjà un bon moment…
Heureusement, nos « hôtes » ne sont pas dans leur zone et donc sans arme (nous ne risquons rien, mais c’est moins garanti pour notre petit chauffeur). Après bien des hésitations, et ayant peur de nous conduire à destination, il accepte de nous déposer au bureau PDK le plus proche.
Il nous arrête en fait au Ministère de l’intérieur et explique la situation au garde à l’entrée avant de partir. Celui-ci est tellement plié de rire qu’il se fait remplacer pour nous accompagner : visiblement pas l’intention de perdre la moindre miette !
Au Ministère, c’est l’hilarité générale (2 Français qui ont faussé compagnie à l’UPK, c’est trop drôle) : on nous trouve un chauffeur pour Salahadin, et le garde de l’entrée qui tient à savoir la suite s’arrange pour être désigné accompagnateur… et préposé à la distribution de clopes et de coca pendant qu’il y est !
Au bureau de Salahadin, Ibrahim Hassan se fait expliquer les détails et nous organise la suite du programme : un chauffeur qui connait le coin pour la citadelle, la réservation d’un hôtel bien placé à Erbil pour le soir et un chauffeur pour Amadya (par la route de Barzan) qui viendra nous chercher demain midi.
La citadelle est à une vingtaine de km, mais il faut connaitre et la petite route de montagne est beaucoup plus longue que prévu. Le paysage est splendide !
Il ne reste que quelques ruines de tours (ce qui me va déjà très bien), mais la surprise géniale et émouvante, c’est le petit cimetière : des tombes très anciennes, presque intactes et magnifiques !
Plein de détails que je n’avais jamais rencontrés jusqu’ici : des épées, des soleils, tout un tas de merveilles parfaitement lisibles…
J’aurais fait le voyage rien que pour ces photos !
En rentrant au bureau du PDK, Ibrahim nous apprend amusé que l’UPK est passé déposer un « paquet » en notre absence et a exigé un reçu !
On est mort de rire ! Après avoir tout fait pour nous gacher notre voyage à son profit, la frustrée qui devait retourner à la frontière n’a même pas eu la dignité d’en rester là ! Il a fallu qu’elle nous suive ! On note au passage que l’UPK ne s’est pas fait prier pour la larguer en espérant faire profiter le PDK du poison !
Pas de chance pour elle, mais elle a fait le déplacement pour rien et n’a plus le pouvoir de nous gacher quoi que ce soit : le PDK l’a très courtoisement éconduite… Quand on connait l’hospitalité kurde, Ça laisse rêveur !