Le chauffeur ayant l’air perdu, on décide de retourner au Cham pour leur demander de nous trouver un taxi qui accepte de prendre la route la plus courte à un prix raisonnable. Mauvaise pioche ! Ils sont ravis de nous revoir et le patron appelle immédiatement un cousin qui peut pour conduire pour pas cher… 100 dollars ! Puis 100.000 dinars : il ne veut pas baisser prétextant que l’essence est hors de prix. Prétexte bidon, le litre est à 850 dinars (environ 0,50 €), mais chercher quelqu’un d’autre, c’est perdre encore pas mal de temps.
Comme j’ai noté qu’ils étaient Yézidis, je suggère à Sandrine d’envoyer un SMS au Pir… et de faire savoir mine de rien à qui elle écrit. Le chauffeur, dont c’est bien le Pir, a l’air brusquement mal à l’aise et se range à ma dernière proposition : 85.000 dinars, ce qui est quand même bien plus cher que les taxis officiels, d’autant qu’il ne connaît pas la route, n’a pas l’air de comprendre les panneaux indicateurs, conduit comme un pied et que sa voiture est un véritable tas de ferraille !
A Amedi, nous allons déposer nos sacs au bureau PDK, puis chez un responsable qui nous envoie voir un historien et manger à Sulav : pas la peine de discuter que nous n’avons pas le temps et pas faim, il ne veut pas en démordre.
Le fameux historien prétend qu’Amadiya est habitée depuis plus de 3.000 ans, parle d’Alexandre et des Mèdes, et nie farouchement que Zengi ait quelque chose à voir avec la ville et le nom qu’elle porte.
A tout hasard, je lui demande s’il connaît le nom des architectes ou pour qui ont été bâtis les deux turbehs. Le premier serait celui de Rushan, fille d’Ismaïl Pacha (fonctionnaire ottoman en poste à Amadiya), le second celui du sultan Hussein Vali (1534 – 1576) prince du Badinan.
Il tient à nous accompagner ; le PDK nous a prêté une voiture, un chauffeur, un peshmerga et une mitraillette. Nous commençons par l’emplacement d’un ancien temple de Mithra, puis par la seule porte de la ville qui existe encore. Je ne sais pas comment il s’y prend, mais il est continuellement dans mon champ et incapable visiblement de parler en marchant : pendant qu’il discute avec Sandrine, j’attends en plein soleil qu’il se taise et qu’elle puisse lui demander de se déplacer pour que je puisse photographier.
Nous continuons par la mosquée qui aurait été bâtie à l’emplacement de temples zoroastrien et chrétien. Pour l’ancienne école coranique, enfin ce qui reste, il nous lâche enfin. Comme la ville est petite et que j’ai déjà fait, le tour photo complet est rapide.
Nous avons prévu d’aller à Saladin avec un arrêt à Barzan pour photographier la tombe de Mustafa Barzani. Comme il y en a pour trois heures et qu’il sera trop tard pour les photos, nous nous renseignons sur le prix du seul et fameux motel crade : 80 $ la nuit et 120 $ pour le trajet : c’est vraiment de l’arnaque !
Bon, retour à Duhok pour 60.000 dinars, alors que le trajet inverse nous en a coûté 35.000.
Le Pir prévenu par Sandrine nous donne rendez-vous au centre yézidi et nous accompagne à un hôtel qu’il veut payer, ce que nous refusons énergiquement. Pas de problème par contre pour qu’il négocie pour nous, ce qu’il fait très bien d’ailleurs : 70 $ ramenés à 40 $ (54.000 dinars) pour un salon-cuisine et deux chambres doubles.Je commence à m’interroger sur le prix des clopes : 5.000 dinars le paquet à Duhok et Zakho, 2.000 dinars à Zakho encore et à Amadiya ?!?