Erbil – Amadiya

Petit KurdeNous retrouvons les gosses dans les ruelles de la citadelle. Il ne me faut pas longtemps pour réunir une jolie collection de portraits n’ayant aucun rapport avec le misérabilisme de mise en Europe quand il s’agit de montrer à quoi ressemblent les Kurdes.

Sont mignons comme tout, surtout quand l’un s’estime lésé parce qu’on l’a traitreusement oublié ! Là, ça prend l’air digne de celui à qui on ne la fait pas et ça se plante devant l’objectif jusqu’à réparation du préjudice par le photographe qui a manqué à son devoir !

Beaucoup de petites nanas réellement jolies, quant aux hommes, ils prennent prétexte de faire immortaliser le plus âgé du groupe pour être sur la photo.

Petits Kurdes Erbil

Ici comme ailleurs, les Kurdes ne jugent pas utile de laisser d’adresse pour recevoir leur portrait : l’important, c’est qu’on les emporte un peu avec nous grâce aux appareils.

Jeune fille kurdePetite KurdeMosquée de la citadelle d'ErbilDommage, la mosquée est fermée : je me venge en mitraillant son minaret aux céramiques colorées et l’intérieur de l’ancien hammam qu’un des gamins vient de nous ouvrir.

Malheureusement, pas trop le temps de trainailler, notre chauffeur nous attend à l’hôtel. Direction Amadya par la route de Barzan sur les conseils de Saywan.

Effectivement, c’est beau ! Seul reproche, cette détestable habitude de balancer n’importe quoi n’importe où : ça serait pas mal de commencer à sensibiliser afin que tous les efforts entrepris pour rendre sa beauté au Kurdistan ne soient pas gachés par des monceaux de plastique en tous genres…

Arrivés à Amadya, on demande au chauffeur de nous conduire chez Mrg Rabban, mais il convient visiblement de passer avant au bureau PDK où nous sommes reçus par Yusuf Ahmed, vétéran et principal responsable de la ville si on en juge par les salutations que viennent cérémonieusement lui adresser en quelques minutes une bonne cinquantaine d’habitants.

Il téléphone pour nous sans trop insister à Mrg Raban qui ayant fait l’erreur de ne pas décrocher immédiatement restera un illustre inconnu déclaré injoignable jusqu’à nouvel ordre.

Un peshmerga en civil nous fait visiter les lieux historiques de la petite ville.

Prince guerrierUne ancienne porte de la ville est particulièrement intéressante et bien conservée, malgré une déco incomplète : serpent, pattes de l’oiseau symbole du Badinan et je ne sais quoi qui me fait sortir le téléobjectif… chic alors, la tête d’un prince guerrier !

Si le corps est approximativement reconstitué avec une armure pas tout à fait alignée, le visage est parfaitement visible. Entre cette porte et le cimetière de Salahadin, la chasse au trésor aura été fructueuse !

Amadiya

Amadiya

Au loin, une ancienne medersa que nous décidons de visiter demain. Pour l’instant, la lumière baisse et nous avons peu de temps pour faire la mosquée dont le minaret a été abimé par des obus iraniens.

De retour au bureau, nous n’hésitons pas à faire coucou aux élégants villageois qui écoutent sagement un cours de politique assis dans le jardin : ça perturbe un peu le sérieux de l’assemblée, mais les circonstances n’étant pas courantes, personne ne sera privé de récréation.

Notre hôte nous invite à dîner à Sulav à quelques km et qui semble être l’endroit branché du coin। Plus assez de lumière pour le petit pont qui trone en haut des espaces aménagés, mais il me semble assez récent ou récemment trop restauré.

Repas kurde avec de l’excellente tête d’agneau, puis Yusuf nous annonce que finalement, il est préférable que nous dormions au motel, mieux que les bureaux du PDK। On passe donc reprendre nos sacs accompagnés par des peshmergas qui profitent de l’absence du chef pour lui piquer ses bonbons ! Je sais que ce n’est pas bien de cafter, mais ils sont vraiment trop drôles avec leurs airs de gamins chapardeurs déguisés en militaires !

Yusuf n’a jamais dû visiter le motel qui d’ailleurs était fermé : c’est crade ! Son propriétaire prétend que c’est très propre avec la conviction du marchand tentant de refourguer un tapis synthétique en le faisant passer pour de la pure soie. Comme je lui répète que son motel est un taudis, il tente de nous convaincre que pour le Kurdistan c’est très propre ! Pas question de laisser passer : son hôtel est crade, donc pas représentatif justement du Kurdistan ! Du coup, il consent quand même à nous envoyer des couvertures inutiles et un couvre-lit convenable… toujours ça de gagné, je me voyais mal dormir debout ou sur des draps plus que douteux !

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Salahaddin

Au petit dej, Ahmet tient à me signaler qu’il m’a entendue tousser la première nuit et qu’il faut que j’arrête de fumer parce que depuis, son coeur est malheureux. Il veut aussi que je sache que Sophie est « na boch » (phonétique, mais ça veut dire pas bien) ce qui confirme qu’elle a réussi a se mettre tout le monde à dos en un temps reccord !

Khasro m’a répondu depuis sa lointaine Finlande qu’il fallait que j’appelle Ibrahim Hassan à Salahaddin. Pendant que j’envoie Tom en mission, à table, l’autre mégalo continue à faire croire au moustachu qu’elle est responsable de nous et que c’est ok pour nous conduire où elle veut ! Pas besoin de comprendre parfaitement une langue pour piger certaines choses. Ils décident donc de nous reconduire à Zakho, histoire qu’on ne reste pas en zone PDK et qu’elle puisse rentrer en Turquie à temps pour être le 17 à Istanbul.

Là, j’interviens qu’il est hors de question qu’elle décide de quoi que ce soit de notre programme, et elle ose me répondre que puisque c’est comme ça, elle n’est plus responsable de nous ! Visiblement, elle est tellement imbue de sa (très) petite personne qu’elle n’a toujours rien pigé au film ! Je préfère censurer ma réponse, mais pas difficile de deviner de quoi je lui conseille de s’occuper !

Les Kurdes prétendent qu’ils ne veulent pas me laisser de peur que je me fasse enlever par les islamistes : ça n’arrange pas son problème d’égo, personne ne s’inquiétant pour elle, tellement il est évident pour eux que les islamistes ne sont pas assez crétins pour s’encombrer d’une telle calamité !

Pendant qu’elle prend l’air pincé et furibard de la pétasse dans toute sa splendeur (dommage qu’elle n’ait aucun sens de la répartie, je suis en pleine forme), avec Tom on profite d’un instant d’inattention pour attraper nos sacs, arrêter un taxi et charger nos bagages en indiquant Salahadin au chauffeur.

Ce n’est pas un départ, mais une véritable fuite qu’Ahmet arrête en menaçant (de mort !) notre jeune chauffeur qui hésite et de sait plus à quel saint se vouer. Là, ce n’est plus de l’hospitalité, comme j’en avais la certitude depuis déjà un bon moment…

Heureusement, nos « hôtes » ne sont pas dans leur zone et donc sans arme (nous ne risquons rien, mais c’est moins garanti pour notre petit chauffeur). Après bien des hésitations, et ayant peur de nous conduire à destination, il accepte de nous déposer au bureau PDK le plus proche.

Il nous arrête en fait au Ministère de l’intérieur et explique la situation au garde à l’entrée avant de partir. Celui-ci est tellement plié de rire qu’il se fait remplacer pour nous accompagner : visiblement pas l’intention de perdre la moindre miette !

Au Ministère, c’est l’hilarité générale (2 Français qui ont faussé compagnie à l’UPK, c’est trop drôle) : on nous trouve un chauffeur pour Salahadin, et le garde de l’entrée qui tient à savoir la suite s’arrange pour être désigné accompagnateur… et préposé à la distribution de clopes et de coca pendant qu’il y est !

Au bureau de Salahadin, Ibrahim Hassan se fait expliquer les détails et nous organise la suite du programme : un chauffeur qui connait le coin pour la citadelle, la réservation d’un hôtel bien placé à Erbil pour le soir et un chauffeur pour Amadya (par la route de Barzan) qui viendra nous chercher demain midi.

La citadelle est à une vingtaine de km, mais il faut connaitre et la petite route de montagne est beaucoup plus longue que prévu. Le paysage est splendide !

Il ne reste que quelques ruines de tours (ce qui me va déjà très bien), mais la surprise géniale et émouvante, c’est le petit cimetière : des tombes très anciennes, presque intactes et magnifiques !

Cimetière de Salahaddin

Plein de détails que je n’avais jamais rencontrés jusqu’ici : des épées, des soleils, tout un tas de merveilles parfaitement lisibles…

J’aurais fait le voyage rien que pour ces photos !

En rentrant au bureau du PDK, Ibrahim nous apprend amusé que l’UPK est passé déposer un « paquet » en notre absence et a exigé un reçu !

On est mort de rire ! Après avoir tout fait pour nous gacher notre voyage à son profit, la frustrée qui devait retourner à la frontière n’a même pas eu la dignité d’en rester là ! Il a fallu qu’elle nous suive ! On note au passage que l’UPK ne s’est pas fait prier pour la larguer en espérant faire profiter le PDK du poison !

Pas de chance pour elle, mais elle a fait le déplacement pour rien et n’a plus le pouvoir de nous gacher quoi que ce soit : le PDK l’a très courtoisement éconduite… Quand on connait l’hospitalité kurde, Ça laisse rêveur !

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Note

Pour une fois que j`ai acces a Internet, j`ai oublie une partie de mes notes : rattrapage ulterieur prevu.
Ca va venir…
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Flagrant délit de crimes de lèse-majesté

Mosquée Suleymaniye

Mosquée Suleymaniye

Pendant que la journaliste de choc va interroger des femmes grévistes de la faim (projet de Constitution), nous allons faire un tour en ville. C’est poussiéreux, pas vraiment esthétique, mais nous n’avons pas le temps de voir grand chose : il faut retourner à l’hôtel pour aller chercher la « dame » qui est mécontente parce qu’elle vient de louper son sujet. A mon avis, les manifestantes ont préféré aller se faire une bouffe quand elles l’ont vue arriver !

 

Sur la route de Salahaddin, arrêt photo au lac Dukan. Elle qui ne descend jamais de voiture pour s’intéresser au paysage (préfère lire son journal d’un air méprisant) sort un petit numérique pour faire des photos, comme elle a dû le faire à Hasankeyf, tout en prétendant avoir besoin des miennes à plusieurs reprises, alors que je ne lui ai jamais rien demandé : sur la parole des journalistes en général, je sais à quoi m’en tenir ! A part essayer de soutirer des infos et des contacts en prenant les autres pour des pigeons, pas la peine d’en attendre beaucoup plus !

 

La route de Salahaddin est soit disant brusquement fermée (ben voyons !) et Ahmet referme désormais systématiquement ma fenêtre pour m’empêcher de photographier la zone outrageusement PDK que nous traversons.

 

On va donc à Erbil sans rien visiter au passage. La teigne qui ne digère pas que je ne lui ai pas apporté mes contacts sur un plateau continue a m’agresser à la moindre occasion.

 

Je mets donc les choses au point. Elle vient de nous faire perdre 24 h, et j’en perdrai au moins autant à Batman où j’ai prévenu à sa demande que je passerai pour la présenter (et où je suis donc obligée d’aller) : Madame ne peut plus y aller, elle doit à la date convenue accueillir un ami à Istanbul. Elle m’a fait louper Harput pour être à temps à son rendez-vous Hasankeyf où elle n’a pas jugé utile d’être : plus urgent d’aller rejoindre des amis que de respecter ses engagements. Quant à « ses » contacts qu’elle a reproché à Tom de vouloir utiliser, je lui rappelle d’où ils viennent : quand on n’est même pas capable de trouver le numéro du GRK à Paris, on évite de se la ramener !

 

Elle se défend par un « J’ai un article à rendre, c’est peut être vous qui allez le faire ? » sans envisager une fraction de seconde que ce n’est absolument pas notre problème, qu’on est là pour être avec les Kurdes et faire des photos du Kurdistan, et qu’elle justifie son salaire, fasse du crochet ou une tarte aux pommes, on s’en fout royalement !

 

Kurdes - Citadelle Erbil

Kurdes - Citadelle Erbil

Un « Exact, je ne ferai pas ton article : perso, j’évite de faire de la merde ! » lui coupe le sifflet pour l’instant.

Petits Kurdes - Erbil

Petits Kurdes - Erbil

A Erbil, on file avec Tom à la citadelle. C’est plein de gosses craquants : j’en profite pour réclamer des bisous entre 2 photos.

Petite Kurde

Petite Kurde

L’attaché en communication, qui prétendait ne nous accorder que quelques minutes dans ce lieu de perdition, se triture la moustache d’un air impuissant !

 

Il nous a fait savoir que si on tenait à dormir ici, on devrait payer notre hôtel : ouf, on peut enfin aller changer de l’argent et donc retrouver notre indépendance !

 

Finalement, l’hôtel que nous choisissons ne leur convient pas : Ahmet vient nous chercher ! Ca sera plus facile de se tirer demain matin, donc, plus forcés qu’autre chose, on le suit à l’hôtel Avesta, UPK malgré la photo de Massoud Barzani dans le hall.

 

Vers minuit, on doit brusquement aller à la police pour obtenir un laissez-passer (qu’il ne viendra jamais à l’idée de personne de nous demander) et donc laisser en échange le papier reçu à la frontière qui lui est indispensable.

 

L’envoyée (plus que) spéciale du Monde retarde le départ pour surfer sur Internet. On patiente en dînant : ça l’arrange, elle préfère généralement manger seule, notre vue et celle des Kurdes lui coupant visiblement l’appétit ! Pendant qu’elle se met à son tour à table, j’en profite pour envoyer un SOS à Khasro, actuellement en Finlande et pas chez lui à Salahaddin (mais toujours efficace), ce qui fait surgir l’image parfaite de la prétention frustrée qui laissant de côté son repas préfère venir me gonfler que je fais attendre tout le monde !

 

Je me marre : elle est persuadée que les Kurdes, conscients de son importance, se mettent en 4 rien que pour elle ! J’ai une autre théorie, dictée par une fréquentation assidue, concernant notre escorte : « Amie Barzani, nous montrer nous mieux et voler à eux ! ».
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Mossoul

Bodyguard MossoulAhmet roule comme un as de la cascade : 1 heure à me demander si on ne va pas finir par se prendre l’un des camions qui viennent en face… mais non, il assure !
 
A 8 h, on attend Abdulbari dans le jardin de sa maison dans une campagne calme et paisible. Il arrive avec un peu de retard pour nous apprendre que la situation est instable à Mossoul et veut savoir si on tient toujours à y aller malgré les combats et les risques d’attentat.
 
Je me sens en totale sécurité et je n’ai pas sacrifié de précieuses heures de sommeil pour faire demi-tour maintenant et Tom n’hésite pas longtemps à céder aussi a la tentation.
 
J’ai droit a un foulard qui passe son temps a vivre sa vie, et Tom doit ranger ses lunettes de soleil et son khéfié. En gros, le moins possible de traces d’occidentalisation, les étrangers étant des cibles de choix.
 
Les uniformes aussi, ce qui explique que nos peshmergas portent une chemise par dessus : tout est pensé avec un professionnalisme qui en dit long sur l’efficacité de notre escorte. Chacun sa voiture pour diviser les risques, voitures banales et pas le confortable 4×4 d’hier qui risquerait d’attirer trop l’attention.

Abulbari monte avec moi et prend la mitraillette qui était devant. Sur la route dont la premiere partie est sécurisée par des peshmergas (plusieurs contrôles sourires), il fait arrêter la voiture pour que je puisse photographier un ancien palais fortifié de Saddam. La réaction des 2 autres véhicules est instantanée et aurait constitué une protection efficace en cas de danger.

A l’approche de Mossoul, il se marre gentiment devant ma maladresse à essayer de donner un minimum de vraissemblance au foulard : j’arrive presque à m’étrangler avec tellement je suis douée !
 
Petit chat MossoulArrivés dans la ville, je prends un dérisoire petit chat mort, mais la zone est dangereuse et je dois planquer les appareils.
 
En descendant de voiture, j’ai à peine le temps de prendre trois photos avant de sentir la montée du malaise. Ca m’arrive souvent ces derniers temps, mais il suffit que je reste assise quelques secondes pour que ça passe. Le problème, c’est qu’ici je n’ai pas quelques secondes et que marcher encore quelques pas et c’est l’évanouissement garanti !
 
Heureusement, Tom me prête une épaule secourable pendant que je peste intérieurement que j’aurais pu choisir un autre moment ! 
 
KalachnikovJe suis bientôt entourée de mitraillettes compatissantes surmontées de peshmergas légèrement inquiets, avant de me retrouver un coca dans une main, une clope dans l’autre, et brusquement en pleine forme avec un UPK accroché à un bras via un tensiometre et qui répète « c’est bas, c’est bas » d’un air pénétré… aucune idée de mon niveau de tension et lui non plus je crois : savait juste qu’un tensiomètre ça s’utilise dans ce genre de situation !
 
Dans la cour, il y a un trou provoqué par une grenade d’il y a 2 jours et des traces de balles sur les murs : souvenirs de l’attaque avortée ou le bras droit de Zarkaoui a rejoint son Allah sanguinaire (j’ai son camion en photo : du chartbé en charpie, pas de son dieu fou commanditaire !).
 
Fillette kurde MossoulDans les locaux de l’UPK, un journaliste assure des émissions de radio auxquelles collaborent également des enfants, et s’occupe de la publication d’un journal. 

 

Nous passons pas mal de temps dans le bureau d’Abdulbari qui navigue entre administratif et réglage de questions cruciales comme s’assurer la collaboration de tribus. Je lui demande si il a un message. Si ça nous paraît simple et évident, ça n’a pas l’air d’aller de soi pour tout le monde : « Dites qu’il existe un pays, le Kurdistan, qui veut vivre en démocratie »…

 

Peshmergas Mossoul

Peshmergas Mossoul

Les peshmergas ne se font pas prier pour prendre la pose. J’en profite pour exiger des sourires à la place de l’air sérieux conventionnel : ils ne se le font pas dire 2 fois !

Commandant pershmerga Mossoul

Commandant pershmerga Mossoul

Nous sommes invités a prendre le thé a la caserne d’a côté, mais faut attendre un peu pour les photos : le commandant est parti se faire tout beau ! 

Peshmerga

Peshmerga

 Ils sont tellement mignons et enthousiastes que c’est difficile d’imaginer qu’ils risquent leur vie tous les jours, quand ce n’est pas plusieurs fois par jour…

Apres un repas dans ce qui doit tenir lieu de mess des officiers, nous laissons Abdulbari qui n’a pas l’air de chômer pour partir avec Ahmet (notre chauffeur garde du corps) et un attaché en communication moustachu avec qui je ne me sens pas en phase des le début : c’est rare avec les Kurdes, mais ça arrive de temps en temps.

En chemin, on s’arrête près d’un pont où Tom en profite pour lachement m’abandonner et aller se baigner avec des gosses, bientôt suivi par nos gardes qui n’attendaient qu’un signe de consentement de ma part… j’enrage de ne pouvoir les suivre, mais sans short, c’est trop limite.

Super journée ! … jusqu’ici.

En repartant pour Duhok, appel de Sophie qui nous attend. En apprenant que nous sommes allés a Mossoul, elle s’exclame ne doutant visiblement de rien : « Super ! Vous m’avez fait un reportage alors ? ».  Sûr que je vais bosser gratuitement pour qu’elle n’ait plus qu’à signer !!!

Elle insiste pour aller à Suleymaniye. En fait, sa principale préoccupation c’est de rencontrer le PKK, alors que ça a été fait je ne sais combien de fois et que je peux lui réciter presque mot pour mot le discours propagande du groupe témoin que le parti met gracieusement a la disposition des journalistes crétins.
 
Elle est allée à Diyarbakir sans trouver le moindre contact : ça laisse plus que rêveur ! Elle compte donc sur les miens, mais je ne suis pas au Kurdistan pour l’aider a justifier ses notes de frais et faire de la pub aux adorateurs de l’Illuminé de l’humanité !

 Tom m’apprend qu’elle a profité de parler arabe pour faire croire aux Kurdes que j’étais photographe du Monde et donc que je dépendais d’elle. La moutarde commence sérieusement a me monter au nez, d’autant qu’elle m’a demandé deux fois si elle pouvait demander à l’UPK et au PDK de lui faire rencontrer le PKK, que je lui ai répondu deux fois par la négative, explications à l’appui, et qu’elle a quand même été poser la question dans mon dos a l’UPK.

 Elle s’est bien évidemment faite éconduire poliment (et passer pour une conne par la même occasion), mais prétendre par dessus le marché décider à ma place de mon programme, là, ma patience atteind ses limites !

 Nous perdons donc un temps précieux (nous n’avons que 5 jours) pour aller dormir à Suleymaniye et irons demain à Salahaddin, si elle ne vient pas encore foutre son bordel… d’autant qu’une intuition commence à me faire envisager que ça risque d’arranger nos accompagnateurs de faire semblant de croire à ses bobards, même si le moustachu est déjà venu me confier qu’elle le fatiguait !

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Kurdistan… enfin !

En cherchant une carte de l’Irak dans une boutique, le vendeur nous propose un taxi gratuit. En fait, avec un petit aménagement du réservoir, le voyage approvisionnement en essence est très largement amorti.

 

Notre chauffeur s’arrête plusieurs fois pour réparer sa voiture qui empeste tellement l’essence qu’exceptionnellement je m’abstiens d’allumer une clope !

 

Silopi

Silopi

Il fait une chaleur étouffante, une poussière grise emplit l’air, et des kilomètres de camions attendent de passer la frontière. La zone est d’une pauvreté désespérante.

 

Notre chauffeur nous laisse a un petit abri thé pour aller remplir les premières formalités : pas les dernieres ! 3 h 30 d’aller-retour dans différents bureaux pour avoir enfin le tampon de sortie, avec des douaniers méprisants et plus que désagréables.

 

Mon portable sonne. Un illustre inconnu me demande en anglais si je vais bien : je passe à Tom qui parle largement mieux que moi (pas difficile !) : on nous attend de l’autre côté de la frontière.

 

Drapeau kurde

Drapeau kurde

On passe enfin : drapeau du Kurdistan en vue ! L’émotion me fait monter les larmes aux yeux : va falloir que je fasse gaffe à ne pas tourner midinette !

 

Entre les 2 frontières, c’est le jour et la nuit. Ici, tout est accueillant, ça sourit de tous les côtés, et je suis très agréablement surprise de la propreté et du bon goût qui règnent partout.

 

Ca se confirmera par la suite : les Kurdes ont bien bossé en un peu plus d’une décennie et réussi à faire un pays vraiment joli et agréable. Même si il y a encore du travail, les montagnes sont verdoyantes, les champs cultivés, les rues propres, les maisons de bon goût (ça change du kitsch turc) et sourtout, quel bonheur de les voir enfin chez eux, détendus et souriants.

 

Pont Delal - Zakho

Pont Delal - Zakho

Ici, ils ont su garder leur culture, tout en intégrant le modernisme. Dans les villages, de jolies paysannes ont conservé leur élégant costume traditionnel : un vrai régal que je consomme sans la moindre modération !

 

On file au bureau des relations publiques où nous attend le PDK qui nous accompagne au pont de Zakho construit par Delal il y a 700 ou 800 ans.

 

Par un tour de passe-passe que je me promets d’éclaircir un de ces 4, c’est l’UPK qui nous accompagne à Duhok (environ 700.000 habitants).

 

La ville est moderne et sympa. Les keufs aux contrôles (qui consistent principalement à faire coucou avec un grand sourire) sont mignons comme tout : le Kurdistan a la police et l’armée les plus craquantes au monde (sans le moindre parti pris de ma part, promis, juré) !

 

Dream City

Dream City

Abdulbari (m. Alzebari, mais on va abréger) nous attend. Il dirige le bureau UPK de Mossoul et nous emmène dans une ancienne base militaire de Saddam, transformée en parc d’attraction : Dream city.

 

Je peste contre les journalistes qui arrivent ici avec des idées préconçues et la ferme intention de repartir avec : même pas foutus de voir ce qui crève les yeux, la misère et la guerre étant probablement plus rentables !

 

Dîner en famille au cercle des avocats dans un jardin à la fraicheur bienvenue.

 

Abdulbari ne croit pas un seul instant que ces féodaux du PDK soient pour quoi que ce soit dans notre présence ce soir. Ca confirme qu’il y a eu un cafouillage quelque part pour qu’après un appel au bureau PDK d’Ankara (numéro donné par Saywan à Paris), nous soyons les invités de l’UPK…

 

Peu importe pour l’instant, la soirée est sympa et je peux poser en vrac toutes les questions que je veux. Dans le désordre :
  • Le symbole de l’oiseau (sacrifice) et du serpent (royaume) caractérise le courage et la ruse des Kurdes capables au besoin de se sacrifier pour leur peuple. En kurde, l’oiseau s’appelle anka, il se sacrifie pour ses petits, mais je vois mal le pélican représentatif ici, la mer étant un peu loin. 
  • Le salaire moyen au Kurdistan est de 200 dollars. Les militaires payés par le gouvernement central gagnent 300 dollars, les peshmergas rémunérés par les partis entre 170 et 200 dollars. 
  • Pour les revenus du pétrole, 5 % vont aux habitants, 60 % sont destinés au Kurdistan et 35 % au gouvernement iraquien. Les Kurdes demandent que les revenus soient proportionnels au pourcentage de la population et pensent que ça va être accepté puisque juste… je garde pour moi mes doutes sur le sujet. 
  • Les Kurdes des autres pays peuvent contacter le bureau de l’immigration si ils veulent s’installer ici. Seule condition, ne pas avoir participé à des actions terroristes.
Avant de partir à l’hôtel, en fait un chouette appartement que nous a fait réserver Abdulbari, il nous propose de l’accompagner demain à Mossoul. Tout est prévu pour notre sécurité, dans la limite du possible évidemment.

 

J’avais promis à Tom d’éviter les zones à risque, mais c’est trop tentant ! Il décide de suivre.

 

Ici, il est 2 h de plus qu’en France et donc une de plus qu’en Turquie.

 

Après avoir préparé le matériel, il me reste 2 h à dormir : pas aujourd’hui que je vais rattraper un retard aussi chronique que le trou de la sécu !

 

Ahmet, notre chauffeur garde du corps, dort dans la piece a côté, Tom a une chambre avec un grand lit, et ma jolie chambre affiche une clim à 18 degrés ! Le tout est un peu superflu vu le peu de temps qu’on pourra en profiter, mais je peux recharger les batteries de tous mes appareils (prises aux normes GB généralement équipées d’adaptateurs).
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