Antioche et les Apôtres

Barbara me demande ce matin si je peux photographier une équipe de sport de passage à la Maison : c’est celle de Fenerbahçe et un des accompagnateurs doit être Français… Dommage, ce n’est pas l’équipe de foot, mais celle de volley :

Equipe de volley de Fenerbahçe

Equipe de volley de Fenerbahçe

 

Tombe de Habib-i Neccar

Tombe de Habib-i Neccar

La mosquée Habib-i Neccar est dans le programme (et sur le plan presque aussi grand que moi) que m’a préparé Gabi. Neccar était un berger qui ne croyait pas en Dieu. Quand les apôtres entrèrent dans la ville, il leur demanda de lui donner un signe de l’existence de leur dieu vivant. Les apôtres guérirent son enfant paralysé et Neccar devint un « ami de Jésus » et se retira dans une grotte dans la montagne.

Mosquée Habib-i Neccar

Mosquée Habib-i Neccar

Quand les habitants d’Antioche (aujourd’hui vraiment sympas, même si pas kurdes) s’en prirent aux Apôtres, Neccar voulu les en empêcher et leur expliqua qu’ils avaient le signe du dieu vivant unique. En remerciement de cette info, il fut décapité et sa tête roula jusqu’a la ville, en bas de la montagne. Une mosquée fut plus tard bâtie à l’endroit où elle s’arrêta, sur le site d’une église autrefois dédiée a la Sainte Trinité (Ste Sophie ?).

La tombe de Neccar devenu Saint est dans la mosquée dans une petite pièce dédiée aux apôtres, et sa grotte est devenue un lieu sacré où il y a un mur à voeux (a cailloux) qui est probablement aussi efficace que la pierre de Munzur Baba servant au même usage dans le Dersim.

Je jette un coup d’oeil discret à la Gazi evi pour tenter de déterminer à quoi elle sert et éventuellement photographier la cour. Je n’ai pas le temps de finir mon mouvement que je suis cordialement invitée  à rentrer, prendre un thé, visiter, photographier (la maison à 200 ans et il y a un mur à la gloire d’Atatürk). Ce n’est pas un musée, plutôt un truc officiel et sur la carte d’identité de celui qui m’a accueillie, c’est marqué Gazi…

 

Dej à l’Antakya evi : préférable d’y aller le soir, le midi ils n’ont pas grand chose. Aubergines grillées en tranches (patlican kizartma : c’est bon), purée de piments rouges aux noix et à l’huile d’olive (cevizli biber : ça réveille !), un gâteau chaud au fromage parsemé de poudre de pistache (künefe : bof, le fromage fondu sucré c’est zarbi), une bière (Efes évidemment) et un nes : 11 millions.

Je continue le programme Gabi avec les immeubles qui sont prévus dans le coin :

  • extérieur de l’Ata koleji qui est une ancienne demeure française ;
  • idem pour l’Antik Beyazit otel ;
  • pareil pour la préfecture ;
  • extérieur de l’église protestante coréenne fermée aujourd’hui (Kwanglim Methodist church, Seoul, Koréa) fondée par l’évêque Sundo Kim dixit la plaque qui mentionne « 29/06/2000 » ;
  • extérieur de l’église orthodoxe (c’est l’heure de la prière) qui date du 19e et dépend du patriarcat de Damas. Les orthodoxes forment à Antioche la communauté chrétienne la plus nombreuse qui compte environ 200 familles.
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Antioche chrétienne

Quelques photos de la maison et de son mur de la paix apres le petit dej, avant de demander au prêtre de l’église catholique si je peux photographier. Les Capucins sont à Antioche depuis 1846 et l’église est consacrée aux apôtres Pierre et Paul. La communauté compte environ 70 fidèles et est le lieu de passage de nombreux pélerins.

Des francophones (très sympas) vont faire un tour en taxi dans les parages (40 millions) et m’invitent à les suivre, ce qui m’évitera de galérer dans les transports. 

Monastère saint Siméon

Monastère saint Siméon

Le monastère de St Simon Stylite le Jeune (521-592), au sommet de Samandag, est toujours en ruines et l’entrée du site est maintenant payante (500.000 TL, tarif turc exigé par le Levantin du groupe).

Le gardien se souvient avoir vu le site en bon état il y a une cinquantaine d’années, avant qu’il soit saccagé. Il collectionne les pierres des mosaïques qui ont subi le même sort : certaines ont des couleurs vraiment splendides, on dirait des pierres précieuses… Le monastère avait la forme d’une croix et abritait 3 églises à triple nef ; il a cessé d’être utilisé au départ des Croisés en 1268.

Le canal-tunel de çevlik (Seleucie Piera) est à 28 km d’Antioche. Long de 3 km, il date de 70 et a été bâti par des ingénieurs romains pour l’empereur Vespasianus et son fils Titus. La grotte Besikli abrite toujours ses tombeaux en pleine nature, et là encore pour voir le site, l’entrée est devenue payante : un million pour les Turcs, le double pour les autres.

Idem pour la grotte de St Pierre qui est un lieu de culte chrétien, et là c’est une vraie honte ! Les Turcs se sont approprié le site (très petit) et font maintenant payer l’entrée 5 millions même aux pélerins, alors que l’entrée des lieux de culte est normalement gratuite en Turquie. 

Le tarif pour les locaux, majoritairement musulmans, est de 2 millions… et le pire, c’est qu’ils l’affichent !

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Hatay, Antakya, Antioche

Batman/Antakya (Hatay) : 11 h, 30 millions. En théorie c’était direct, sur place il y a un changement pour un dolmus à Osmaniye et un autre à Iskenderun (Alexandrette). Sur le chemin, les barrages vident aussi ici les cours d’eau…

Ruelle du quartier chrétien d'Antioche

Ruelle du quartier chrétien d'Antioche

Taxi pour la Maison de la Paix où sœur Barbara (allemande) a été prévenue par Gabi de mon arrivée. Elle a rénové de vieilles maisons d’Antioche et héberge des étudiants de toutes confessions. Chacun apprend à faire sa part de travail pour la petite communauté et est tenu d’assister à certains cours (gratuits) d’anglais et de chant. Ma chambre est vraiment bien (il y a même un petit salon), de bon goût, la réputation de la cuisine d’Antakya n’est plus a faire et la cuisinière excellente.

Avant le dîner, les jeunes et Barbara m’invitent a prendre place dans leur cercle (les garçons me font déplacer pour que je sois à côté d’eux) pour rompre ensemble le pain en signe de paix et d’amitié. Le premier dit une prière (ouf, je n’ai pas à inventer !), déchire un morceau de pain et le passe à son voisin de droite (avec le pain) qui fait de même. Quand tout le monde a donné et reçu un morceau, chacun mange celui qui lui a été offert et fait le signe de croix : bien entendu, je me suis complètement plantée de sens !

Kasim me réveille vers minuit (décidément, inutile que je me couche tôt) pour me demander des précisions sur la suite de mon programme. Il veut me rejoindre en voiture et m’accompagner jusqu’à Istanbul (même jusqu’a l’aéroport). Je fais semblant de ne rien comprendre jusqu’a ce qu’il se lasse et me souhaite une bonne nuit… Même en cherchant dans le tas de numéros de téléphone qu’on m’a donnés, impossible de savoir qui est Kazim et où j’ai bien pu le croiser !

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Batman, suite et fin

Selim m’a offert un de ces porte-clés bleus avec le symbole porte-bonheur qu’on voit un peu partout ici. Vu la tête de condamné qu’il fait, ça n’a pas l’air d’être vraiment efficace sur lui. Non seulement je vais partir, mais en plus j’ai refusé qu’il me prenne en photo avec son portable ! Depuis qu’ils ont ça, je passe mon temps à leur faire effacer ce qu’ils ont pris en douce : heureusement, ils sont généralement tellement contents d’eux qu’ils viennent se dénoncer tout seuls !

Festival culturel - Batman

Festival culturel - Batman

Nesrin n’est pas très gaie non plus et voudrait que je reste encore, mais à part le festival (ça va bien 5 mn), pas grand chose à faire et à photographier à Batman et j’ai déjà laissé de côté Ani et Hakkari pour venir. Je repasse à l’expo pour dire au revoir aux photographes, avant de m’apercevoir que la rue donne sur l’immeuble de cours de kurmandji. Très loin d’être très fréquenté comme c’était prévisible (malgré la propagande du PKK destinée aux Européens), les Kurdes ne voyant pas la nécessité d’apprendre correctement et de transmettre leur langue (le parti leur a imposé le turc depuis des années)… ça vaut bien une photo !

Un adorable Zaza de 13 ans qui est resté longtemps avec moi hier vient me tenir compagnie et me dire qu’il m’aime : c’est mignon comme tout à cet âge (font pas encore de crises), et il a de grands yeux noirs avec des cils interminables aàfaire palir d’envie tous nos labos cosmétiques.

Le maire de Batman a téléphoné vers 7 h à Nesrin : il est a Ankara, rentre demain et veut absolument me voir chez elle ou à la mairie… Le festival n’est pas terminé et il ne faut surtout pas que je parte avant qu’il m’ait vue : « ils » veulent me faire un cadeau ???

Un peu long à la détente le parti !!! Trop tard, j’ai déjà mon billet pour ce soir. Pour le cadeau, il n’y en a qu’un qui soit acceptable, mais depuis le temps je doute que ça fasse tilt un jour ! De toute façon, il est tout aussi bien livrable a Istanbul…

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Festival à Batman

Coup de fil de Selim qui nous invite pour le petit dej étant donné que hier soir on a refusé d’aller chez lui (rapport à Gracieuse). Cette fois, Nesrin prétend qu’on ne peut pas parce qu’on a prévu un petit dej français, mais que lui peut venir. Elle est enchantée de son excuse qui n’est pas un mensonge : un petit dej avec une Française, c’est un petit dej français (me font toujours rire à se sentir coupables de mentir !).

Tour dans un jardin où il y a des chants kurdes et des danses de Hakkari, mais le cercle autour des artistes est trop restreint et le monde devant, ce n’est pas génial pour les photos. Tout le gratin est là, y compris Osman Baydemir qui a fait le déplacement : il tranche nettement sur les autres… Entendu parler de Neuneu 2 fois, mais pas compris à quel sujet…

Rendez-vous pour l’expo peinture-photo amateurs. Tous les photographes veulent mon avis (déclaré éclairé à l’hunanimité) sur leurs créations : pas évident de trouver un mot gentil et différent pour tout le monde !

Au passage des officiels, je croise le maire de Diyarbakir, qui m’ayant reconnue me dit bonjour spontanément… avant de se souvenir qu’il est pas mal encadré. Celui de Batman (qui croit visiblement que c’est à lui que je m’adresse) me fait de grands sourires en prenant une pause de personnage important : pas treès utile, ce n’est pas lui que je vise !

Le concert du soir est plus que médiocre : première fois que je ne vois pas les Kurdes danser. C’est tellement peu intéressant que les spectateurs font causette et cherchent leurs amis pour passer le temps et justifier leur déplacement. Ce n’est bien évidemment pas le discours-fleuve-propagande-simpliste du président du DEHAP qui améliore l’ambiance : il arrive même à se faire siffler par quelques courageux qui profitent de l’obscurité pour se manifester sans trop de risques (en plein jour, ils n’auraient plus jamais l’occasion de le faire).

J’abrège, je préfere encore aller dormir, d’autant que Gracieuse qui m’a maquée toute la soirée me tripote hypocritement le dos : quand elles font ça, j’ai toujours l’impression qu’elles cherchent le meilleur endroit pour planter le couteau !

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Gratin de Batman

Van/Batman : 6 h, 3 millions de plus que dans l’autre sens avec la même compagnie ! Ce matin, je suis d’excellente humeur : bien dormi, il fait beau et le serveur vient de m’apporter une rose alors qu’il n’y a aucune fleur en vue dans le kavalti salonu : ça vaut bien un deuxieme kaymak !

Le car de 7 h 30 arrive à 8 h 45, mais je suis mieux placée que la derniere fois, juste devant, ce qui permet de profiter du paysage et de rager qu’une fois de plus, je ne pourrai pas photographier la route de Bitlis.

Arrivée à Batman, j’appelle Nesrin : Selim va râler, mais je n’ai pas la moindre envie de dormir chez lui et d’avoir Gracieuse plusieurs fois par jour dans mon champ de vision. Nesrin m’appelle plusieurs fois en cours de route pour être sure que je ne vais pas partir sans l’attendre. En fait, c’est une Kurde de Syrie (pas Bulgare, juste un probleme de traduction) et elle est ravie que j’ai accepté son invitation : 1) Elle me pique à Selim 2) Elle n’a pas d’amies ici. Elle est mariée (2 enfants), mais son mari vit à Ankara le temps de régler des problèmes administratifs qui l’empêchent d’exercer son métier de médecin (il est obligé de repasser des examens).

Comme elle est jolie, intelligente, qu’elle a un métier et est indépendante, c’est le bouc émissaire des « bien-pensantes » dont elle subit en permanence la jalousie. Circonstance aggravante, elle ne bave pas devant Le Soleil de l’humanité, ce qui est inadmissible pour la meute !

Ce soir, réception en plein air pour l’inauguration du festival : ces hypocrites ne servent que du coca ! Toutes les nanas sont hyper « chic » et maquillées comme des sapins de Noël : avec mon jeans/tennis, je ne passe pas inaperçue !

Au programme, une soliste et un pianiste arméniens (Diana Vekil et Satenik Muradyan) dont tout le monde se contrefout et qui sont là pour le décorum, chacun étant venu pour Se montrer.

Hüseyin Kalkan, maire de Batman qui marche au cirage de pompes d’après ses administrés, parade aux côtés du préfet (parait que l’équipe s’entend parfaitement pour magouiller d’après la même source) et est aux anges de saluer une photographe française : Batman internationale, la je ricane ! Avec le président du DEHAP (Tuncay Bakirhan rien dans le ciboulot dixit mes sources d’information), ils font la paire : vont avoir l’air malin en réunion à pavoiser que Paris est venu les photographier… Quoi ? Quel OFK ???

L’ancien maire qui est venu faire un tour a l’air très sympa et nettement moins crétin que les pantins de service : ça ne m’étonnerait pas que lui ait fait la relation, vu sa (longue) poignée de main chaleureuse et son regard insistant, amusé et complice…

Un Kurde d’Irak me fourre d’office sa carte de visite dans la main. Il tient à ce qu’on déjeune ensemble et veut que je vienne photographier chez lui. Promis, on s’appelle. Le Kurdistan c’est en projet et en lisant sa carte, le contact peut toujours servir : c’est le maire de Duhok

Au détour d’une allée, un Kurde ravi de me revoir me sert la main vigoureusement : Kikseksa ??? Paris, 1997… j’essaie de me souvenir, mais tout bien réfléchi je ne savais pas que nous connaissions le fils de Musa Anter (après vérif, Sandrine non plus) !

L’assistant du maire de Batman est un crétin (normal) agressif (ça c’est nouveau). Il me reproche que les Européens ne suivent plus aveuglément le PKK : j’essaie de prendre un air compatissant, mais je ne peux m’empêcher de me marrer. On le savait déjà, mais si c’est eux qui le disent…

Ca va faire plaisir à plus d’un Kurde qui subissent toujours et qui sont franchement écœurés de voir le parti collaborer sur le terrain pour assurer ses trafics en toute impunité. Les mêmes, n’aillant pas peur du ridicule, n’hésitent pas à reprocher à d’anciens prisonniers politiques d’avoir l’audace d’être toujours en vie !

Là où j’éclate carrément de rire, c’est quand Duroquet tient à me rassurer : il ne peut pas saquer les Européens qui ne marchent plus dans la combine, mais moi je n’y suis absolument pour rien et ça ne s’applique surtout pas à moi ! J’aurais adoré voir sa tête quand on lui a expliqué (c’est fait) qui était la gentille photographe qu’il ne fallait pas mettre dans le même sac que les autres !

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