Je n’y crois pas : les Turcs ont osé !
Je terminais tranquillement mes devoirs (au passage, j’en connais certains qui seraient aux anges de savoir que je rentre sagement en fin d’après midi pour travailler, plutôt que de traîner comme d’hab n’importe où à des heures pas possibles…) et vous savez sur quoi je tombe – enfin, à part sur le chat inconnu qui est passé par la terrasse pour s’installer tranquillement sur MON lit – ?
– Bonkör !
Sachant que le kör se prononce coeur, je vous laisse deviner la signification…
Bon allez, bonne nuit : ici, il est une heure de plus.
Dans la série des inclassables ailleurs, je viens de m’acheter un CD de Tarkan (12 millions), histoire de me faire une opinion sur le chouchou de ces dames.
Restaurant Degustasyon – Balik Pazari n° 41 (c’est le passage près du çiçek pasaji) à Beyoglu sur Istiklal. Calamars frits, rougets (excellents), une bière et un nes : 22 millions. 
Pour pas cher, bon et typique, il y a Hala Manti dans la rue du musée des UFO (OVNI) – pas très loin de Galatasaray en remontant vers Taksim, c’est une petite rue sur la droite. Il faut dépasser le musée, prendre sur la gauche au bout de la rue et c’est à côté du marchand de légumes. Pas possible de se tromper, il y a 2 cuisinières qui font du pain kurde en vitrine. Les plats sont dans les 3 millions et l’assiette mixte (copieuse) est à 10 millions. 
Dans le rayon spécialités, la confiserie Uç Yildiz – Dudu Odalari, sokak 15, Balik Pazari près de Galatasaray – est incontournable. Le patron parle français et propose de délicieuses confitures (avec des gros morceaux de fruits) dont une étonnante confiture au sucre. Ca se prépare à la base comme une confiture respectable, mais à la place des fruits, il faut mettre du sucre et ensuite «taper très fort le jus du sucre». Ca donne une pâte blanche très compacte à la vanille ou à la bergamote (3 millions les 250 g).
Toujours dans le Balik Pazari, on trouve du miel vendu avec les alvéoles : 20 millions les 250 g (il n’est pas en or, mais très parfumé et d’une consistance un peu craquante) et le fameux fromage tressé de Diyarbakir (très salé, mais marrant avec ses fibres) pour 3 millions la part.
La principale difficulté c’est d’apprendre à prononcer (sans rire) des successions de syllabes peu habituelles en français. En primaire par exemple, on apprend généralement que le Y remplace 2 I : alors les premiers «iyiyim» (je vais bien)… Enfin, ça avance pas mal, d’autant qu’il y a un nombre de mots conséquent piqué au français. Rien qu’à les voir écrits, ça m’éclate : entre les Sanzelize (Champs-Elysées), les abajur, les teleskop et autres sato (château, mais ça se prononce pareil), les cours ne sont pas tristes, surtout quand on y rajoute des Türkiye’ye ou des Istanbul’da da (je sais, un rien m’amuse, mais j’ai toujours été bon public). D’ailleurs, je ne suis pas la seule : Rino qui est ici depuis 9 ans, et n’a donc pas l’excuse de la nouveauté, n’a pas résisté avant de partir à la tentation d’une séance de lecture de bouquins de cuisine… On est d’accord pour décerner la palme aux su ala krem !
J’ai quand même profité de quelques heures avec un peu de ciel bleu pour faire des clichés ultra touristiques de Sainte Sophie et de la mosquée bleue. Stephen, un allemand qui est en cours avec moi et qui s’ennuie l’après-midi pendant que son avocate de femme travaille, m’a accompagnée avec son appareil : très sympa de travailler à 2.
A la mosquée bleue, quatre Turcs se sont précipités pour me prendre en charge (visiblement, ils n’avaient rien à vendre), me montrer les moindres détails et snober Stephen après s’être assurés que ce n’était pas mon mari. En trois heures, j’ai bien reçu une bonne dizaine d’invitations… et lui autant de manifestations d’indifférence, limite méprisantes. Evidemment après ça, mon enthousiasme sur le sens de l’hospitalité turc le laisse légèrement sceptique.