Istanbul

Quelques jours de détente avant le retour. Toujours très chaud mais la ville est tout de même agréable à vivre. Je ne sais pas ce qu’ils font dans Sultan Ahmet (nous n’y mettons jamais les pieds) mais le quartier Pera Galata s’améliore d’année en année. Il y a de plus en plus de rues piétonnes, de cafés en terrasse, de bistro perchés dans d’incroyables immeubles Arts Déco. Ce ne sont pas, comme à Paris, d’artificielles réserves pour touristes. On y croise de tout, et la vie culturelle y a l’air bien plus intéressante. Bref, sans doute une des plus belles villes d’Europe, et pour les écrivains, l’équivalant de Paris dans les années 20.
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PKK

Retour en avion normal, c’est-à-dire que j’ai sidéré le serveur du buffet à l’aéroport de Kars en lui demandant un whisky à 11 heures du mat. S’il m’avait fait le coup du petit crétin de Cizre je lui aurais défoncé le crâne. Roxane sait que je ne suis pas d’humeur très zen quand je prend l’avion. J’ai donc passé deux heures 30 cramponnée à mon siege en maudissant jusqu’à la dixieme génération tous ceux qui m’envoient dans des pays où il faut se rendre en avion. Dire qu’il y avait un temps où l’on ne voyageait qu’en bateau… Même le Titanic, je préfère…

Maintenant Istanbul. Très chaud, très lourd, moite, plus pénible qu’à Cizre, finalement. Bakhtiar s’est tiré en Europe, je l’ai appris à demi-mots par sa famille. Vlad est très très maqué mais pas abattu du tout. Ça a l’air d’être un sacré nid de frelons la politique ici. Si les jeunes se tirent, ils ne vont plus durer très longtemps. Cela me rappelle tout à fait les débuts de l’hémorragie en 1999, quand le PKK a commencé de se barrer en couilles. Même symptomes : décomposition, affrontements, affolement, directives aussi menaçantes que contradictoires. D’ailleurs ce parti fait si peu peur aux Turcs à présent, que des Kurdes d’Istanbul, bien assimilés et très éloignés de la lutte, vous parlent tranquillement d’un parent, qui est en Europe, à Medya TV, et ce dans des lieux publics, un bistro sur Istiklal par exemple. Il y a une époque où on ne se l’avouait même pas entre membres d’une même famille. Aujourd’hui cela n’a rien d’un secret dangereux, c’est comme si on parlait de l’original de la famille, d’un exotisme charmant…

Il est vrai qu’on a peu d’exemple historique d’un parti qui se soit vendu à ce point, en baissant autant les enchères. L’idéologie tombe d’elle-même, ne laissant aucun souvenir. Les cadres ? Ils rentrent dans la vie civile, ils font des affaires (du moins pour les plus doués ou les plus mafieux), la plupart végètent. En tant qu’anciens combattants, ils ont d’ailleurs peu de faits glorieux à raconter à la postérité. Quelque chose entre « Comment nous avons été trahis » et « Comment nous avons trahi ».
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Déluge

Difficile d’expliquer a l’hotel qu’on doit réellement partir : le serveur qui avait insisté la veille pour nous emmener sur la terrasse fait tout son possible pour nous retenir un jour de plus। Personne ne comprend jamais réellement ici pourquoi nous ne pouvons pas rester, et ça plaide jusqu’au bout en nous accompagnant au dolmus.

 

Le premier nous conduit a Igdir (50 km – 2 millions par personne – 40 mn – 46700 habitants) : il y a de la neige sur le mont Ararat qui semble en meilleur état qu’il y a 2 ans. On en profite pour manger dans un resto populaire ; quand il y en a un, c’est meilleur marché et on a une chance d’échapper aux kebap (dolma, poulet, salade, soda, thé : 4 millions). Puis minibus pour Kars (6 millions par personne – 130 km – 3 h).

Si quelqu’un cherche l’arche de Noé, il doit se trouver dans le coin : grele, trombes d’eau, orage… La foudre tombe a quelque metres du car, il fait pratiquement nuit a 17 h et les rues sont inondées. Dans ces conditions, on n’a pas franchement le choix : le taxi nous conduit au 1er hotel touristique dans une rue pratiquable. Vu le déluge et la quasi impossibilité d’en atteindre un autre, ils s’empressent de nous appliquer le top des tarifs pour une chambre correcte mais sans plus (Sim-er : 96 millions la chambre avec petit dej quand meme). Le resto pratique également des tarifs élevés, mais comme il n’est pas question de sortir…
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Kars

Trois heures de car pour faire 130 km. Le record. En plus, à l’arrivée, orage et grosse pluie, une inondation monstre dans Kars, les rues envahies par l’eau, les passants avec de l’eau jusqu’aux genoux et le taxi qui doit naviguer, c’est le cas de le dire, jusqu’à l’hôtel.

La région semble d’ailleurs très pluvieuse. En plein juillet, les blés ne sont pas mûrs, et ils en sont encore à faucher les prés. Comme à Bitlis, beaucoup de petits chevaux, noirs ou bais. Mais les villes ici sont tristes, austères. Si c’est ça l’Arménie, on se demande pourquoi les Kurdes revendiquent un tel pays quand ils ont des villes comme Urfa, Hasankeyf, Diyarbakir. Rino prétend d’ailleurs que Kars, c’est plus la Géorgie que l’Arménie. N’empêche qu’il y eut un gouvernement arménien à Kars dans les années 20, qui en représailles des grands massacres tua beaucoup de Kurdes si bien que les Kurdes de Kars demanderent à la SDN de les rattacher à la république turque.

Le principal intérêt de Kars, c’est Ani, la ville aux cent et une églises, comme la vantent tous les tours… en omettant de préciser qu’étant sur la frontiere arméno-turque, et donc en pleine zone militaire, il est interdit de photographier la plupart des monuments et tout se fait sous contrôle militaire. De toutes façons vu le temps gris, Roxane ne veut faire aucune photo. C’est la supériorité des peintres sur les photographes, eux peuvent représenter la beauté d’un paysage gris… Comment font les photographes quand ils veulent photographier la pluie ?

Bref, demain, retour sur Istanbul.

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Dogubayazit

Ensuite, a mi-chemin, on va faire un tour au turbeh d’a coté. 2 gamins me réclament sans cesse de l’argent et finissent par nous jeter des pierres. Il a bien travaillé le PKK, euh, KADEK ! Apres avoir détruit les valeurs kurdes ancestrales, il s’épuise en luttes stériles et puériles dans des domaines privés qui ne le concerne en rien, mais laisse la population sans le moindre soutien apres l’avoir conduite au marasme. Depuis l’arret de la guérilla, les jeunes n’ont plus d’exemples, plus de valeurs morales a suivre et la situation économique qui a empiré de façon dramatique en quelques mois n’arrange pas les choses…

En rentrant – 8 km a pied avec le matériel – pas la moindre envie de partir vers l’étape suivante. Mais on ne regrette pas : on a trouvé les 1er dolma en un mois !
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Ishak Pasha

Apres le petit dej – lamentable pour le standing 3 étoiles de l’hotel – un des serveurs tient a nous conduire sur la terrasse pour prendre des photos du mont Ararat. Les escaliers n’étant pas éclairés (2 étages sont en travaux), il ne trouve rien de mieux a faire que d’allumer un morceau de carton qui trainait par terre. Sont mignons les Kurdes quand ils veulent tout bien faire : il a failli mettre le feu a l’hotel, et on a eu de la chance de ne pas finir asphyxiées…

Pour monter a Ishak pasa (5 millions l’entrée), on prend un taxi (10 millions – 7 km). La derniere fois, on avait testé un tour Ishak pasa et village Ararat : l’arnaque ! Le soit disant dernier village n’était qu’un bidonville au bord de la nationale, je n’ai pas eu le temps de faire toutes les photos que je voulais du palais et le chauffeur nous a carrément empechées d’entrer dans le turbeh d’ahmedé Khani : tout juste si j’ai pu faire 5 ou 6 photos de l’extérieur…

La, on commence par Ahmede. Pas de chance avec lui : ça ne m’est arrivé qu’une fois en Ecosse, mais en voulant recharger un appareil (j’en ai 3 en permanence), j’ai ouvert le mauvais… travail a refaire, sans compter que je suis a court de pellicules.

En sortant, un cadre de la déesse serpent que j’ai failli retenir en arrivant, mais qui n’allait quand meme pas etre vendu en une demie heure, vient d’etre acheté. Comme je rale en français qu’on me l’a volé, un kurde (le  »voleur ») de la région parisienne se marre… et m’offre le dernier exemplaire : presque le meme, pas celui que je voulais, mais c’est gentil de sa part.
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