Cizre – Mem et Zin

Dolmus pour Idil (2,5 millions par personne – 60 km – 1 h – 12.900 habitants). Premier controle militaire a Karalar : papiers, bagages. En fait, ils n’osent pas trop fouiller nos sacs (les filles, ça transporte toujours des trucs qui font rougir les militaires) et le chef m’aide a refermer le mien (il y tient) avant de s’excuser.

 

Dans le coin, a part quelques champs de blé, il y a quelques troupeaux de chevres et de moutons et beaucoup de champs de pierres. A Idil, nous attendons le dolmus suivant en compagnie du mouchard habituel. Quand il se rend compte qu’il perd son temps, il retourne dans le local du DYP.

 

Dolmus pour Cizre (1,5 millions par personne – 27 km). Nous étions 5 dans le premier dolmus, et ne sommes plus que 3 dans celui-ci. Deuxieme controle militaire des le 2e km : ils ne s’occupent que des passeports. Au 3e controle, la jandarma nous laisse passer avec un clin d’oeil au chauffeur qui nous annonce qu’on est au Kurdistan. Il me demande 2 fois en turc si je parle kurde, et malgré les anlamiyorum, il explique au 3e passager que nous allons a Silopi…

 

A l’entrée de Cizre (50 020 ou 50 100 habitants selon le coté par lequel on rentre dans la ville), il y a bien des chars, mais la polis doit etre devant le foot : personne au controle (tant mieux, on n’aime pas trop les controles de la polis). Une majorité de commerces sont a l’enseigne de Mem u Zin : il y a meme un Mem u Zin petrol.

 

Comme l’état d’urgence est toujours de rigueur et qu’ils sont soupçonneux dans le coin a cause des frontieres, on décide de jouer a fond la carte touriste. Donc, direction Grand Hotel Onsar.
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Midyat

Record battu : une demie heure pour atteindre la page BLOGGER !

 

Comme hier nous n’avons pas cherché d’Internet café (lesquels en fait devraient s’appeler Internet çay), je reprends a Midyat. De retour dans la chambre, en l’observant d’un peu plus pres, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de rideau (pratique pour se déshabiller), que vu la chaleur il faut laisser les fenetres ouvertes (bonjour le bruit) et qu’il n’y a pas de drap du dessus mais plein de couvertures. Tant pis, on va prendre une douche… sauf que l’eau est bouillante ! On connaissait déja les douches sans eau et celles a l’eau glaciale ; bouillante, c’est une premiere. On préfere ne pas insister d’autant que la chaudiere de l’autre coté du mur fait un bruit alarmant. Au moment de me coucher, l’odeur de mon oreiller m’oblige a le dégager. Le drap n’étant pas mieux, je n’arrive a m’endormir qu’en tapissant le lit de serviettes de toilette.

 

Donc conseil : si vous passez dans le coin, essayez l’hotel d’a coté ou celui pour touristes (tres cher d’apres les keufs) : malgré la gentillesse du papy qui tente de nous etre agréable et ne sait pas quoi faire pour nous faire plaisir, ça vaut le coup d’aller voir ailleurs.
Hier matin, pastane pour le petit dej. On a attendu l’ouverture, mais en échange, les petits pains au fromage sont tout chauds. Dommage qu’ils s’empressent pour nous faire plaisir (comme a peu pres partout ou on passe) de mettre a fond de la musique occidentale (5 petits pains, 7 nescafés au lait : 4 millions).

 

Le planton du batiment officiel d’a coté tient a nous faire coucou (sans lacher la mitraillette reglementaire) avec des grands sourires : 3 fois en 10 mn, pendant que nous attendons un taksi (5 millions) pour aller dans la vieille ville. Nous visitons une splendide maison de 1654 entierement rénovée et qui est destinée a devenir une sorte d’hotel de luxe. Le vieux Midyat est préservé, des mesures officielles interdisant de construire des immeubles a proximité.

 

Nous rentrons a l’hotel chercher nos bagages en otokar (325 000 tl par personne). Depuis qu’on a remis les keffieh, les keufs et les militaires ne nous voient plus !
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Cizre

Eh bien nous voici à Cizre. Pour deux nuits, peut-être, si on ne nous expulse pas. Pour le moment, pas vu grand-chose, sauf l’hôtel, qui est de luxe. Et des enseignes Mem et Zin un peu partout. Petrol Mem u Zin, Mem u Zin Market, etc.

 

Sur la route, pas grand-chose : les premiers contrôles, les premiers mouchards, les premières fouilles. Disons que les jandarma nous ont fait descendre et ont un peu ouvert les sacs. Pas trop, sur le dessus. Mais sur le dessus il y avait mes carnets et mes bouquins. De quoi les inquiéter. Le gradé (un costaud à lunettes noires, au look GI) a essayé de lire mes écrits avant de me reprocher de les avoir écrits en français, exprès pour qu’il ne puisse pas les déchiffrer, lui. C’est vrai que ce n’est pas de jeu. Après il s’est attaqué vaillament à mes bouquins : un tome de l’islam iranien de Corbin, Hannah Arendt et le Yi King en français aussi. Eh bien l’esprit du Tao n’est pas descendu sur lui car il n’y comprenait toujours rien. Du coup il a renoncé.

 

Maintenant que nous sommes sous état d’urgence il faut que je pense à caler mes papiers et mes livres sous mes petites culottes et mes affaires de toilettes. S’ils n’aiment pas trop les intellectuels, ils ont encore plus horreur des affaires de femme. C’est d’ailleurs une énigme pour moi. Des grands gaillards qui n’hésiteraient pas à violer dix paysannes kurdes rougissent rien qu’à l’idée de toucher du doigt un baton de rouge à lèvres (d’ailleurs il y a beaucoup de choses qu’on peut trouver dans mon sac mais jamais ça).

 

A l’hôtel visite traditionnelle de la « Security Police ». Deux jeunes, pas mal physiquement, sympathiques, un gros connard frustré (heureusement un subordonné, et c’est sans doute pour ça qu’il est frustré) et son larbin qui notait.

 

Le Botan n’a pas changé, il est toujours ôcre et rose. Les gens d’Idil parlent drôlement, très vite, mais de façon mélodieuse, modulée : un accent arabe, indéniablement, on croirait entendre des gens de Damas. Mais ceux de Cizre, je les comprend très bien.

 

La premiere soirée à Cizre fut employée à sauver l’honneur kurde en fêtant avec du vin notre arrivée dans la ville de Noé, de Malayê Djaziri et d’Ahmedê Khani : Roxane va sûrement raconter comment il a fallu batailler pour cela. Ce gamin avait une tête a faire partie du KADEK. A l’OFK, il faut toujours qu’on attire sur nous la fureur des bien-pensants. On doit émettre des ondes pour cela. Mais nous avons trinqué. Aux poètes, aux amoureux, à nous.
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Midyat

A Midyat, halte dans un hôtel à 10 millions (qui les vaut, pas plus). Le probleme, c’est la douche ! D’habitude on s’attend à serrer les dents sous de l’eau glacée. Là, non, on ne serre pas du tout les dents car on ne va pas sous une eau bouillante. Toujours bouillante. Avec un bruit de chaudière qui laisse supposer qu’elle va exploser si on continue à l’embêter comme ça. Mais ce matin, elle était de nouveau glacée. Seulement glacée. Décidément, c’est le cas de le dire, les gens d’ici n’ont pas inventé l’eau tiède. Par contre la nuit, la ville est calme. Avec les fenêtres ouvertes sur la rue principale, à partir de minuit, plus un bruit, un silence de campagne.

 

Un dimanche matin à Midyat : pastahane+petits pains chauds au fromage (poghaça) + Dalida (le tube qu’avaient repris les Bronzés). En notre honneur, bien sûr. Déjà dans un cybercafé ils avaient passé Aicha en boucle pendant deux heures. Là ils sont très enthousiastes, la musique est à fond. C’est agreable de prendre son petit dej’ « au calme » dans l’ambiance sonore d’une boite de nuit.

 

***** ***** *****

On se sait pas on attend
le monde s’est-il fermé
on ne sait pas
il n’y a plus de ciel plus de terre plus de jardin de roses
on attend
peut-être séparés à jamais
séparés jamais perdus l’un à l’autre
mais séparés
on ne sait
mangeront-ils nos âmes et nos yeux
dans le renoncement la mort grise
Leurs barreaux sont infinis
infinis comme l’oppression
stupidement infinis
Il faut attendre
un jour où s’ouvre la rose d’amour
dans la tyrannie
dans l’absurde la haine têtue

l’amour patient comme renard malicieux

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Divers

Désolée, mais je suis obligée de couper les posts, BLOGGER refusant énergiquement ce soir de coopérer. Donc, je reprends sur les envois qui mettent beaucoup de mauvaise volonté a arriver chez leur destinataire…

 

Idem quand le sujet n a pas l honneur de plaire a un certain parti – disons par exemple PKK par le plus grand des hasards bien sur, mais il faut bien un exemple – : le parcours d Ovacik a Umraniye n est soit disant jamais arrivé, pas plus que l exemplaire de Mem et Zin, ce qui n a pas empéché la presse locale pourvoyeuse de la propagande habituelle de sortir un article expliquant que le livre était paru en mars – en fait c était la date d envoi – et qu il avait 332 pages… heureusement que la poste l avait « égaré » : remarquez qu elle avait également effacé insidieusement le nom d un des 2 traducteurs. Pas sympa quand meme la poste turque…

A part ça et dans le désordre :

– j ai appris aujourd hui que si votre voiture tombe en panne, il faut l ammener a l oto klinik

– les Turcs s’ étant classés 3e au foot sont scotchés devant la télé qui repasse en boucle le dernier match : les explosions de joie quand le meme but est marqué pour la nieme fois sont toujours aussi sinceres, comme si les spectateurs avaient eu peur que cette fois-ci la retransmission change le cours du match

– le FMI vient de débloquer 1,15 milliards de $ a la Turquie – qui devient ainsi son plus gros débiteur – pour soutenir le redressement de son économie. Le FMI a-t-il précisé que le Sud-Est ne devait pas en bénéficier ?

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Mardin – Kiziltepe

Ce matin, petit dej seule sur la terrasse vu que Sandrine est un peu malade. Ma voisine de table me fait un grand sourire et les 2 chefs serveurs – dont une femme : ce n est pas tres courant – se précipitent pour prendre ma commande et veulent absolument me changer mon café sous le fallacieux prétexte qu il est froid. C est expres : eux boivent tout brulant et je ne supporte que le tiede, mais j ai un mal fou a leur faire comprendre. D ailleurs, ils sont toujours effarés quand ils nous voient rajouter de l eau froide dans notre thé bouillant.

 

Le ballet des serveurs est marrant et peu efficace : ils sont nombreux et semblent avoir chacun une tache définie. Ici, les chefs sont en noir et les autres en rouge. Les noirs prennent les commandes et les apportent. Les rouges vont les chercher en cuisine et les passent aux noirs. Inutile donc de demander quoi que ce soit a un rouge : si il y en a 3 a ne rien faire et pas de noir en vue, on attend. Par moment, ils ont l air de parfaits abrutis et tout le pays fonctionne sous la loi hiérarchique. On a souvent l impression qu ils ne savent faire qu une seule chose et il faut généralement demander a plusieurs personnes pour répondre a une question élémentaire. Faut trouver la bonne, chacune ne disposant que d une seule réponse.

 

Nous prenons un dolmus pour Kiziltepe – environ 25 km, 30 mn, 1 million par personne, 113.000 habitants dixit le panneau – A l arrivée pas de taxi, mais des Kurdes qui prenaient le thé devant leur boutique appellent un ami pour nous depanner. La ville est banale, la mosquée sans intéret : nous repartons pour Mardin – cout du taxi improvisé : 10 millions.

 

Plusieurs Kurdes nous ayant conseillé Midyat, nous échangeons Nusaybin initialement prévue contre cette derniere. Le dolmus – transport le plus pratique pour les courtes et moyennes distances qui n a pas d horaires fixes et part quand il est plein ou presque – n attend pas longtemps – 3 millions par personne, 1 h – Selon les destinations, on trouve des dolmus toutes les 5 minutes ou 2 ou 3 fois par jour. L ete, ça peut etre éprouvant, vu qu ils sont capables d entasser 2 fois plus de personnes que le véhicule ne peut en contenir et que les hommes ne sont pas sensés s assoir a coté d une femme inconnue. Ce qui donne lieu a des déplacements fréquents des passagers quand de nouveaux montent en cours de route.
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