Synagogue italienne - Italyan
Sinagogu - Kuledibi - Galata -
Beyoglu
-
Istanbul
Cette
toute petite synagogue collée aux
remparts de Galata, derrière l’église italienne
Saint Pierre et Saint Paul et au pied de
la grande tour, est le témoin
stambouliote du passé douloureux des Marranes du Portugal. Le bâtiment
actuel date du XIXe siècle et a remplacé une ancienne synagogue détruite
par un incendie.
Au début du XVIe siècle, les juifs du Portugal ne sont plus tolérés et on
procède aux conversions par la force : dans le port de Lisbonne, on ira
jusqu’à baptiser la foule au jet. Bien qu’ayant changé leurs noms et se
rendant à la messe, le pouvoir les accuse de "judaïser" en secret.
Ceux que
l’on appelle les "Nouveaux Chrétiens" ou plus fréquemment les "porcs"
ou Marranes, doivent se cacher ou fuir le Portugal. On en retrouve ainsi
un peu partout en Europe : Espagne, Sud de la France, Flandre et dans
plusieurs régions du Ponant italien.
En 1553, la banquière Dona Gracia Mendès et son neveu Joseph Nazi, plus
tard comte de Naxos, organise la fuite des Marranes vers l’Empire
ottoman
afin d‘échapper à l’Inquisition. Celle qu’on appellera plus tard la
Señora, partit de l’Italie à la tête d’une caravane, traversa les Balkans
où dès la Bosnie, elle fut accueillie par les réfugiés juifs de l’Empire
ottoman, puis arriva à Constantinople où l’attendait déjà plus de 10.000
de ses coreligionnaires.
Elle fut bien accueillie par le sultan et aussi, dans un premier temps, par
les juifs espagnols (séfarades) qui s’étaient réfugiés dans l’Empire en
1492. Elle arrivait avec tous ses capitaux et c’est elle qui finança
la bataille de Lépante en 1571. Sa notoriété entraîna des jalousies du
côté des autorités religieuses juives et on accusa injustement les
Marranes d’être en fait des chrétiens. La Señora entra en conflit direct
avec le Grand Rabbinat et incita la communauté marrane à se mettre sous
l’autorité des Génois de Galata plutôt que sous celle du "Millet"
ou nation séfarade.
Petit à petit, les Marranes adoptèrent la langue italienne afin de se
démarquer nettement des autres séfarades qui utilisaient le
judéo-espagnol. Depuis
les années 1950, ceux que l’on appelle à Istanbul les juifs italiens
ont obtenu la nationalité italienne.
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